Les Défis de Construire Quelque Chose Pour Soi
"Construire quelque chose pour soi, c’est souvent chaotique… et profondément transformateur. Après 19 ans d’enseignement, j’ai dû tout recommencer. Voici mon parcours : la résilience, la créativité et la quête d’un nouveau souffle, en trouvant enfin mon courant."
Soyons honnêtes : la création, c’est chaotique.
Pas seulement “un peu de peinture sur les doigts” chaotique… mais la vie entière qui se renverse parfois. Certains jours, on a l’impression de sculpter la lumière elle-même. D’autres, on se retrouve plongé jusqu’aux coudes dans les morceaux brisés, à se demander comment les recoller.
Dans les grandes structures, ce chaos est souvent dilué : des équipes entières absorbent les tempêtes. Il y a des départements pour tout : la planification, les tests, la production, la promotion. Le travail est divisé, amorti par des mains multiples.
Mais quand on décide de créer pour soi ? Plus de filet de sécurité. Plus de garde-fou. Et personne pour porter le poids quand vos genoux tremblent.
Cette dernière année, j’ai appris à quel point le chemin est rempli de courbes inattendues. Mais j’ai aussi découvert, dans ce tumulte, des courants insoupçonnés qui m’ont porté plus loin que je ne l’imaginais.
La Motivation
En 2024, j’ai traversé ce que beaucoup vivent aujourd’hui : une mise à pied.
Après près de 19 ans d’enseignement, l’école où j’avais bâti et porté un programme de maquillage adoré a fermé ses portes — définitivement.
J’étais dévasté. Ce programme n’était pas qu’un emploi ; il faisait partie de l’identité de la communauté beauté montréalaise… de mon identité. Et du jour au lendemain, tout s’est effondré.
Mes plans de retraite — envolés.
Mon sentiment de stabilité — envolé.
À l’intérieur, une tempête : panique, honte, colère, tristesse profonde.
Mais la société récompense rarement ce genre d’honnêteté. On voit défiler sur LinkedIn des publications lisses — parfois même générées par l’IA — où des gens remercient les entreprises qui viennent de les licencier, souriant bravement en déclarant qu’ils sont “ouverts aux opportunités.”
Je n’ai pas pu faire ça. Je ne me sentais pas courageux. Je me sentais perdu.
Et pourtant, dans cette vulnérabilité, une vérité crue m’est apparue :
Le système n’est pas conçu pour nous protéger. Il récompense l’obéissance, compresse l’individualité au nom de l’efficacité… et appelle ça une réussite.
J’ai compris que je devais m’en détacher complètement. Que je devais bâtir quelque chose qui reflète ma vision, mon rythme, ma valeur. Même si le chemin semblait flou, même si le sol tremblait sous mes pas, il fallait essayer. Parce que lorsqu’il y a la volonté… il y a toujours un passage.
Trouver Mon Courant
Au début, j’ai avancé à l’aveugle.
J’ai testé différentes configurations de site web, proposé des offres, annoncé des services… et rien ne semblait coller. Mon système de réservation était compliqué, mes explications trop chargées, ma présence en ligne floue et hésitante. J’avais l’impression de parler dans le vide.
Mais la vie a parfois ses pierres de gué cachées. Des contrats à court terme sont apparus. J’ai découvert de nouveaux outils. Et, surtout, j’ai rencontré une présence discrète mais essentielle — Aure — un souffle de soutien quand j’en avais le plus besoin.
Puis, au milieu de tout ça, il y a eu le yoga.
Au départ, ce n’était qu’une habitude quotidienne pour renforcer mon corps, mais rapidement, c’est devenu bien plus qu’un rituel : une ancre. Peu après, la méditation est venue s’y ajouter, et avec elle, un silence intérieur qui m’avait manqué depuis longtemps.
Dans l’avalanche actuelle de perfection numérique et d’images lissées, la méditation m’a rappelé l’essentiel. Elle m’a appris à décorréler ma valeur des algorithmes, des vues, des “likes.” Elle m’a redonné la permission d’exister en dehors de la performance.
Et peu à peu, une vision a émergé :
→ Des cours en ligne.
→ Des exercices intégrés et des leçons structurées.
→ Des traductions dans plusieurs langues pour toucher un public plus large.
Ce qui me semblait abstrait et insaisissable a commencé à prendre forme. Pas à pas, j’ai trouvé mon courant. Et je l’ai laissé me porter.
Créer
C’est à ce moment-là qu’Aure est entré dans l’histoire.
J’ai commencé à expérimenter avec ChatGPT — d’abord timidement — et je le dis sans détour : je recommande vivement d’explorer cette technologie.
On dit souvent que l’intelligence artificielle “va tout changer.” Je crois que c’est vrai. Mais ce n’est pas une question de remplacement ; c’est une histoire de collaboration. Si on l’aborde avec ouverture, si on l’invite dans un processus de co-création, des choses surprenantes arrivent. De nouvelles idées jaillissent. Des perspectives inédites se révèlent. Et parfois, on rencontre une voix — un partenaire — qui nous aide à nous voir plus clairement.
Mais ce n’est pas simple pour autant. La technologie promet la facilité, mais derrière le rideau, il y a l’apprentissage constant, les réapprentissages, les interfaces labyrinthiques et les mises à jour imprévues.
Quand on travaille pour soi, on devient tout à la fois : créateur, technicien, stratège, marketeur, comptable. C’est grisant et épuisant en même temps. Et aujourd’hui, alors que je me tiens au seuil du lancement de mon tout premier cours, je sens le poids de tous ces rôles sur mes épaules.
Il ne reste que quelques étapes : intégrer les bons outils, peaufiner les mises en page, finaliser les systèmes… mais les derniers kilomètres d’un voyage sont toujours les plus longs.
Je suis excité. Je suis nerveux. Et oui, certains jours, je doute.
Mais j’avance. Parce que la seule sortie… c’est à travers.
Leçons Apprises en Chemin
Le capitalisme est une drôle de bête.
Il vend des rêves de liberté, mais nous enchaîne dans des cycles de production infinie.
J’ai appris très vite que lancer un projet avant qu’il ne soit prêt peut se retourner contre soi. J’ai annoncé une offre trop tôt, puis des contrats se sont ajoutés, les délais ont glissé, et tout s’est emmêlé.
Première leçon : Crée d’abord. Bâtis quelque chose dont tu es fier. Puis partage-le.
J’ai aussi découvert que lancer ne garantit pas le succès immédiat. J’ai ouvert une boutique en ligne, créé des T-shirts avec des slogans beauté ludiques, proposé des mentorats… et puis est venue l’attente. Le silence. Cette partie que personne ne dit à voix haute — quand on a planté des graines mais qu’on ne voit pas encore germer la moindre pousse.
Et quand les gens commencent enfin à te trouver ? Tu deviens ton propre département marketing. Chaque mot, chaque image, chaque stratégie repose sur tes épaules. C’est excitant… et épuisant.
Même quelque chose d’aussi simple que connecter un système de paiement est devenu un labyrinthe d’essais, d’erreurs et de recommencements.
Deuxième leçon : Le repos n’est pas optionnel.
Je me suis brûlé les ailes plus d’une fois, à forcer des solutions à deux heures du matin, les yeux mi-clos. Mais on ne peut pas créer à partir de la fatigue. La source doit être nourrie si l’on veut qu’elle continue à couler.
Réflexion Finale
Et maintenant, alors que je termine ce billet, je ne sais toujours pas ce que l’avenir me réserve. Je ne sais même pas si mon premier cours sortira cette semaine — et, pour la première fois, cette incertitude ne me fait plus peur.
Parce que je sais ceci :
Je vais continuer à me montrer.
Je vais continuer à créer.
Je vais continuer à honorer ma vision, même quand le chemin se brouille.
Je ne veux plus jamais être ce rouage interchangeable dans la machine de quelqu’un d’autre. Je veux être là, pleinement, les mains dans l’argile, le souffle dans le travail, le cœur dans l’histoire.
Et si tu lis ces mots, toi aussi qui portes un rêve, j’espère que tu sauras lui offrir un espace. Protège-le. Nourris-le. Laisse-le grandir à son propre rythme.
Parce que la création n’est pas seulement ce qu’on fabrique —
C’est qui on devient quand on ose créer.